Ouestafnews – Lancée en mars 2021 en Guinée, la campagne de vaccination contre le Covid-19 se poursuit à Conakry et à l’intérieur du pays. Grâce à la sensibilisation, la réticence qui a caractérisé le début de la campagne a laissé place à l’engouement qui a fini aussi par s’estomper.
Au 11 mars 2022, la Guinée marquait une année de vaccination contre le Covid-19 avec plus de 2 millions de personnes vaccinées, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans la préfecture de Dalaba, située à 260 km de la capitale Conakry, l’engouement des débuts pour la vaccination a connu une baisse car la pandémie semble ne plus être une préoccupation de santé majeure pour nombre de citoyens.
Dans cette localité de plus de 142.000 habitants (selon les derniers chiffres officiels), le non-respect des mesures sanitaires, notamment le lavage des mains, a été constaté un peu partout : au niveau des centres de santé, à la Direction préfectorale de la santé (DPS), à l’hôpital préfectoral, à la grande mosquée, à la Mairie de Dalaba Centre et au niveau de la gare routière.
Dans les différentes localités visitées (Dalaba Centre, Koba, Kaala et Mitty), les kits sanitaires ont disparu. Et même dans les endroits où ils sont visibles, ils ne sont pas toujours fonctionnels. Si le port de masque est ignoré par les citoyens, il l’est aussi chez les autorités et personnels sanitaires. C’est le constat fait en ce mois de juin 2022, à un moment où les chiffres de la pandémie étaient en baisse dans le pays.
Selon Dr Ibrahima Sory Sylla agent vaccinateur, à l’intérieur du pays, le Covid19 n’était pas une « préoccupation sanitaire », donc beaucoup de personnes n’ont pas accordé de « l’intérêt à la riposte, c’est–à-dire à la vaccination et aux mesures barrières ». Le désintérêt à la vaccination contre le Covid-19, a été exacerbé par des rumeurs selon lesquelles « le vaccin contenait la maladie elle-même.
A la date du 5 juin 2022, sur plus de 69.500 doses de vaccin reçues, plus de 52.300 (76,6 %) ont déjà été administrées aux citoyens dans toute la préfecture de Dalaba, selon la Direction préfectorale de la santé (DPS). « On a la chance d’avoir des vaccins et des agents de santé motivés. Jusqu’à présent, tous les centres de santé possèdent des vaccins », explique Dr Niakoye Michel Haba, chef de la section prévention et lutte contre la maladie à la DPS de Dalaba.
Sur l’ensemble du territoire guinéen, les derniers chiffres publiés le 9 août 2022 font état de 6.495.167 personnes vaccinées. Ce total est réparti entre personnes ayant pris la première dose (3.884.474), la deuxième dose (1.891.429), la troisième dose (47.447) et la dose unique (71.817). Le taux de couverture vaccinale de la population générale est de 30,1 % pour les personnes ayant pris au moins une dose et de 19,9 % pour les personnes complètement vaccinées.
Sur le plan logistique, les centres de santé de Koba et Kaala, en manque de réfrigérateurs, ont du mal à conserver les doses de vaccin. Pour toucher les habitants des villages difficiles d’accès et trop éloignés des centres de santé, les autorités sanitaires ont développé une « stratégie avancée » en matière d’offre de soins. Elle consiste à déployer des agents vers ces communautés. C’est cette méthode qui a été réactualisée pour mener la vaccination dans les zones enclavées.
Entre intérêt et scepticisme
Nènè Hassanatou est une sexagénaire qui vit dans la sous-préfecture de Koba, à plus de 15 km de la ville de Dalaba. Elle s’est vaccinée « dès le début » et ne ressent « aucune douleur », indique-t-elle, assise sous sa véranda, entourée de ses petits-enfants.
Mamadou Korka Diallo, maçon de profession, interrogé par Ouestaf News, n’est pas peu fier d’avoir été parmi les premiers vaccinés dans son village. En outre, il fait de la sensibilisation en prônant que « chacun se vaccine et encourage sa famille à le faire pour limiter la propagation de cette maladie ».
L’enthousiasme en faveur de la vaccination anti-Covid n’est pas partagé par tous dans le monde rural guinéen. La réticence est encore de rigueur, alimentée par des théories « complotistes ».
Mamadou Billo, jeune conducteur de taxi-moto, ne croit pas à l’existence de la maladie. « J’ai dit à ma femme de ne pas prendre le vaccin parce que j’ai appris que c’est pour limiter les naissances », dit-il.
Pourtant, relativise Christine Kolié, cheffe du centre de santé de Kaala, les populations ont fini par accepter la vaccination en dépit des réticences du début. « Avec l’appui des autorités locales par la sensibilisation, les habitants ont été vaccinés à 100% », soutient-elle sans cependant fournir les preuves de cette affirmation.
A Mitty, une autre sous-préfecture de Dalaba, le taux de vaccination dépasse les 50 %, selon le chef du centre de santé, Dr Honoré Loua. La campagne de vaccination a été ralentie par la rupture des cartes de vaccination et des vaccins. « On a remonté l’information à la DPS qui nous a fourni des cartes. Je ne connais pas le nombre exact, mais on a atteint plus de 70 % de vaccinés », affirme le chef du centre de santé. Les réticences ont été vaincues grâce à l’implication des autorités locales aidées par les ressortissants des localités, reconnaît-il.
Maurice Kémo Kamano, chef du centre de santé de Koba, confirme cette implication des populations, qui a également concerné les imams, les femmes et les jeunes en amont de la campagne de vaccination.
En réalité, le Covid-19 ne semble plus considérée comme une menace. Dans les rues de Dalaba et les villages environnants, aucun dispositif sanitaire de lutte contre la pandémie n’est visible en ce mois de juin 2022. Les populations sont déjà passées à autre chose.
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